L’Ubérisation de l’économie, une véritable révolution ?
Qu’est-ce que l’économie des plateformes ?
À l’horizon 2025, l’économie des plateformes représentera 335 milliards de dollars alors qu’il n’en pesait que 15 milliards en 2014 selon le cabinet Pwc (2015).
Aujourd’hui, avec l’essor des nouvelles technologies d’information et de communication, cette ubérisation est au cœur de notre société et au centre des débats. En effet, tout le monde est déjà rentré en contact avec Airbnb, leboncoin, Facebook ou encore Uber. Pourtant, le terme de « plateforme » reste assez flou pour le grand public.
Les plateformes peuvent être définies comme des services exerçant une fonction d’intermédiaire. Leur caractéristique est de proposer des biens, des prestations à des clients qui sont produits, mis à disposition ou vendus par des contributeurs qui sont le plus souvent des particuliers, mais aussi des professionnels.
Ainsi, les plateformes jouent le rôle de tiers de confiance dont l’activité se centre sur la mise en visibilité, la publicité, la notation ou encore la sécurisation du paiement.
L’avènement des plateformes marque un tournant avec les firmes traditionnelles. En effet, là où la grande firme managériale, moteur du capitalisme se caractérisait par la concentration des actifs, l’internationalisation des activités et un fonctionnement hiérarchique, les plateformes sont comme le soulignées Jensen Meckling un simple nœud de contrat entre les travailleurs, les capitaux etc…?
Ainsi, là où l’entreprise managériale organisait et transformait le travail, la plate-forme contractualise, externalise, et contrôle à distance. Elle n’est plus qu’une entreprise « sans actif » recentrée exclusivement sur son cœur de métier. Le travail n’est plus conçu par la plate- forme qui n’en est plus responsable : il est sorti de l’entreprise.
Le capitalisme de plateforme nous renvoie au domestic system préindustriel
Aurélien Acquier, professeur à ESCP Business School.
Il est en effet possible d’entrevoir dans le développement des plateformes un retour au domestic systemqui semblait avoir été balayé par la première révolution industrielle. En effet, on retrouve de nombreux points communs entre les deux modèles économiques comme :
- Le fait que ce soit le travailleur qui apporte les capitaux nécessaires à l’activité.
- La disparition d’un espace de travail géré par l’employeur.
- L’indépendance hiérarchique (mais la dépendance économique) des travailleurs.
- La difficulté de penser une forme d’action et de représentation collective (ou syndicale).
- La difficulté à définir la frontière entre sphères domestique, productive et professionnelle.
- L’existence d’un travail pluriel avec des activités d’appoint (qui rappelle les «Slashers», ces travailleurs qui cumulent plusieurs métiers) plutôt qu’une activité unique à temps plein.
- L’auto-organisation individuelle (les individus déterminent eux-mêmes leur degré d’engagement sur la plate-forme).
L’économie des plateformes : un modèle à l’origine de débats et de tensions
Pas difficile d’être compétitif quand on ne respecte rien.
Cette citation du banquier d’affaires Philippe Villin illustre bien les conflits engendrés par l’essor de l’économie des plateformes.
Les plateformes peuvent nuire aux consommateurs. L’un des sujets fâcheux est sans aucun doute la confidentialité. En effet, si collecter des données des consommateurs est une source de gain importante pour les plateformes, elle peut être également vue comme un empiètement sur la vie privée.
En outre, certaines plateformes exigent des fournisseurs qu’ils mettent à la disposition du public sur Internet des informations les concernant ou concernant leur environnement. Une offre pour la location d’une chambre privée, par exemple, exige que les photos de son propre appartement soient visiblement téléchargées sur la plateforme pour que tout le monde puisse les voir.
Autre point faisant débat, l’absence de garantie. Effectivement, la plupart des plateformes d’économie partagée n’agissent qu’en tant qu’intermédiaires, mais ne garantissent pas la qualitédes biens ou des services offerts. Par conséquent, les utilisateurs doivent se fier entièrement aux avis laissés par les autres utilisateurs.
Enfin, une partie des ménages dénonce un processus de commercialisation dont les plateformes sont à l’origine. Cette dernière convertirait des services gratuits en modèle payant. C’est particulièrement le cas du couchsurfing, durant lequel les visiteurs peuvent passer la nuit gratuitement dans l’appartement d’un prestataire. Cette pratique a vu son nombre d’utilisateurs drastiquement chuter au profit d’airbnb et de prestataires similaires. Mais ce sont surtout les entreprises concurrentes qui se plaignent de l’essor de collaborative.
Premièrement, il y a eu de violentes contestations de la part des entreprises concurrentes aux plateformes. Elles dénoncent une concurrence déloyale liée aux écarts d’obligations en matière d’impôts, de cotisations et de réglementations. Les plateformes digitales, de par leur externalisation, ne supportent presque aucun coût ce qui leur permet de fixer des prix extrêmement attractifs. Ainsi, le fait que les chauffeurs de Uber n’aient pas besoin de licence (ayant un coût de 200 000 €) pour exercer leur métier à la différence des taxis a entraîné des manifestations regroupant des centaines de chauffeurs de taxis notamment à Paris et à Reims. Autre exemple, Zervas et al. (2016) ont estimé que Airbnb a fait diminuer le revenu des hôtels de 8 à 10% au Texas.
De plus, les plateformes numériques comme Facebook se développent sur des marchés bifaces (une face occupée par les particuliers, l’autre par les entreprises) sur lesquels les effets de réseaux sont forts.
Dès lors, on assistera à un effet auto-renforçant selon Laffont et Rocher. En effet, plus les entreprises notamment de publicités ou de jeux vidéo publient du contenu, plus des particuliers rejoignent le marché et plus il y a de particuliers, plus les entreprises sont incitées à publier du contenu : c’est un cercle vertueux. Ainsi, ces plateformes digitales se hissent souvent en situation de monopole. Ce qui peut être un problème si elle commence à ériger des barrières à l’entrée ou à fixer des prix anormalement hauts.
Pour finir, un autre aspect encore trop négligé concerne les droits des travailleurs au sein des plateformes. Ces derniers ne sont pas employés à titre permanent mais gagnent leur vie en tant qu’indépendants. Ainsi, ils sont privés du socle de droits qui protègent les salariés, tels que les droits syndicaux, la législation sur le temps de travail et les conditions de travail ou encore les protections contre le harcèlement et les discriminations.
De surcroît, ils bénéficient de la couverture sociale des indépendants, moins favorable que celle des salariés, alors même que leurs conditions de travail et de rémunération ainsi que leur dépendance vis-à-vis des plateformes digitales les exposent à des risques importants. Ainsi, l’essor des plateformes peut être synonyme d’inégalités croissantes car les travailleurs cumulent rémunération parfois indécente et travail aussi intensif qu’instable (Deliveroo).
Tout n’est pas à jeter dans l’économie des plateformes
Les plateformes comme source d’opportunités pour les offreurs et les demandeurs. Même s’il y a des points à critiquer, il est indéniable que les plateformes rendent de grands services aux consommateurs. Accessibles à tout moment, rapidement, à des prix imbattables (gain de pouvoir d’achat) leurs prestations facilitent de toute évidence notre quotidien.?
À Paris, le prix d’un hôtel avoisinait les 200 euros, tandis qu’il en coûtait en moyenne 100 euros en Airbnb.
Par ailleurs, un point peu souvent évoqué, l’activité des plateformes se concilie fort bien avec l’enjeu du développement durable. Effectivement, grâce à l’utilisation partagée des voitures ou à la réutilisation des biens usagés, moins de biens sont produits, ce qui permet d’économiser les ressources et, en définitive, de protéger l’environnement (même s’il faut prendre en compte que la consommation peut augmenter du fait que les prix sont plus bas).
Si l’on se tourne du côté de l’offre, les plateformes offrent l’occasion de monter des business models innovants comme l’illustrent les exemples d’Airbnb, Uber et la plateforme de streaming Netflix. Si cela réussit, des opportunités de gains sensationnels vous attendent. En outre, ce nouveau modèle économique a l’avantage d’ouvrir de nouveaux champs économiques et d’atteindre des clients qui n’auraient peut-être pas été auparavant enthousiasmés par l’offre de l’entreprise.
L’économie des plateformes semble également apporter la flexibilité que tant d’économistes espéraient. En effet, dans une économie de la connaissance (Jean Tirole, prix Nobel 2014 et Olivier Blanchard), il est essentiel de disposer d’un marché du travail flexible. Les plateformes permettent une embauche et un licenciement sans coût et quasiment instantanément, ce qui permet au processus de destruction créatrice de se déployer de façon optimale.
Parallèlement, les plateformes proposent une alternative à l’emploi classique qui convient mieux à certains travailleurs car il est possible de modeler soi-même ses heures de travail.
La solution serait-elle l’adaptation ?
Au vu de son essor grandissant, l’économie des plateformes est en train de devenir le nouveau paradigme économique de notre société.? Sachant cela, peut-on éternellement l’ignorer ? Composer avec ne permettrait-il pas de le rendre moins controversé ?
- La création d’un nouveau statut pour les travailleurs indépendants des plateformes.
Créer un nouveau statut permettant au travailleur de retrouver des droits et une couverture sociale de qualités semble primordial.
Selon la DARES, cette piste a été explorée aux États-Unis par deux économistes, Alan Krueger et Seth Harris, qui militent dans le but de mettre fin à cette insécurité juridique. Ce statut permettrait aux travailleurs de se regrouper pour négocier leurs conditions de travail, ce qui est actuellement impossible pour les indépendants américains, mais aussi pour permettre d’accéder à des avantages concernant la protection sociale ou encore la garantie d’une protection contre les discriminations ou le harcèlement.
Organiser une refonte des droits sociaux et du système d’imposition.
Un autre problème réside dans les droits sociaux. En effet, en France notamment, ces droits sont rattachés aux emplois ce qui pose par conséquent des complications pour les travailleurs des plateformes qui ne sont pas associés à un seul et unique emploi.
Mon père a eu un seul emploi tout au long de sa vie, j’aurai six emplois dans ma vie, et mes enfants auront six emplois en même temps.
Robin Chase
Deux solutions sont envisagées :
- Rattacher les droits non pas à l’emploi mais à la personne active.
- Élargir la logique d’assistance en rendant ces droits universels comme Gazier, Périvier et Palier le préconisent dans Refonder le système de protection sociale.
- Adapter les systèmes d’imposition des plateformes ainsi que ceux concernant l’imposition des revenus des plateformes.
- Le modèle des plateformes, et plus généralement du numérique, facilite l’optimisation fiscale des entreprises car le caractère immatériel des activités rend plus difficile la définition d’une base d’imposition
Les revenus des plateformes échappent aussi en grande partie au prélèvement des cotisations sociales. En France, d’après une enquête menée en 2014, seulement 15 % des revenus des particuliers issus de l’économie des plateformes seraient déclarés à l’administration fiscale. La sous-déclaration résulte à la fois d’un manque de clarté des formulaires et de l’absence de mécanismes de contrôle.
Mener une nouvelle politique de la concurrence.
Face aux tensions dues à une certaine concurrence déloyale, réviser la politique de la concurrencesemble indispensable. Les autorités publiques devraient adapter leurs outils d’analyse afin de mieux cerner l’économie collaborative.
ESCadrille Toulouse Junior Conseil : se digitaliser pour mieux s’adapter
2/3 des commerçants n’étaient pas digitalisés lors du confinement et 40% ont vu leur chiffre d’affaires divisé par deux.
Partant de ce constat, ESCadrille a pris conscience de l’importance de la digitalisation à l’heure actuelle. Non seulement elle permet de s’adapter et de rebondir plus vite mais aussi et surtout elle permet de lancer des projets novateurs. Aujourd’hui, la plupart des entreprises qui se démarquent sont justement des entreprises fondées autour de ce processus de digitalisation. Parmi elles, Netflix, Airbnb ou encore Doctolib. Plus largement, 42% des entreprises reconnaissent que la digitalisation a permis d’accroître leur rentabilité. Elle est donc un moteur majeur de croissance.
Ainsi, ESCadrille a réimpulsé sa prestation de digitalisation notamment lors du confinement avec un projet visant a accompagner les commerçants dans leur digitalisation. Cet accompagnement se déroule en 4 étapes :
- Un audit de l’existant
- L’élaboration d’une stratégie de digitalisation
- Aide à la recherche d’aides et de subventions
- Mise en place de formations autour des outils digitaux
Ayant une réelle expertise dans la maîtrise des outils digitaux avec notamment l’existence d’un pôle dédié à ce domaine, ESCadrille saura pérenniser votre activité en la digitalisant.
Alors, il ne tient qu’à vous de prendre votre revanche sur les mois passés en faisant appelle à une équipe motivée, et désireuse d’accompagner au mieux vos projets.
Article rédigé par MAXENCE RIVOIRE, 2021.
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