L’entrepreneuriat féminin, un mouvement qui ne cesse de se développer
L’entrepreneuriat féminin, un mouvement qui ne cesse de se développer
Le mouvement de l’entrepreneuriat féminin est en pleine expansion depuis une dizaine d’années. Nous arriverons cependant dans les mois qui viennent au terme d’un plan d’action Entrepreneuriat 2020 mis en place par le Comité économique et social européen qui avait pour mission d’octroyer aux entrepreneurs, et plus particulièrement aux femmes entrepreneurs, les outils nécessaires à la création et à la pérennisation de leur activité.
À l’heure du bilan, quels sont les obstacles qu’ils restent à franchir pour continuer de démocratiser l’entrepreneuriat féminin ?
Et qui mieux que 3 femmes entrepreneurs, évoluant dans trois domaines différents, pour nous apporter leur regard sur cette problématique de société ? En effet, ESCadrille a eu l’immense honneur de travailler en collaboration avec trois actrices de l’entrepreneuriat féminin français.
Carole-Anne ROLAND, à l’origine du réseau Les Toulousaines Audacieuses et Véronique JAN , entrepreneure toulousaine créatrice de Bigoud’OC, cliente d’ESCadrille Junior Conseil, dont les témoignages sont au cœur de notre article écrit.
L’entrepreneuriat féminin en pleine croissance
Aujourd’hui encore, à peine 30 % des projets entrepreneuriaux sont portés par des femmes. Même si ce chiffre témoigne d’une marge d’évolution possible encore très importante, il est tout de même le symbole d’une nette amélioration des conditions autour de l’accompagnement des femmes entrepreneurs. Entre 2012 et 2015, l’effectif de femmes se lançant dans l’entrepreneuriat a en effet doublé, et ce, en grande partie grâce à l’évolution des mentalités et au développement de réseaux d’entrepreneures comme celui de Carole-Anne Roland.
Les femmes entrepreneures sont aujourd’hui à l’origine de 40% des micros-entreprises, particulièrement présentes dans des secteurs tels que le conseil aux entreprises, le service aux particuliers et les domaines éducation-santé-action sociale. Elles auraient d’ailleurs des résultats 9% supérieurs à ceux des hommes pour des sociétés de même envergure dans ces secteurs.
Selon un rapport sur l’entrepreneuriat féminin publié par le conseil économique, social et environnemental les femmes préfèrent le statut individuel pour la création d’entreprises quand les hommes choisissent en général de créer une société. Ainsi, si l’on s’attarde sur les chiffres de la création d’emploi dans le domaine de l’entrepreneuriat féminin, il demeure nettement inférieur à ceux des projets menés par des hommes. Pour diverses raisons, il semblerait que les femmes soient plus enclines à travailler seules. C’est le cas de Véronique JAN qui, après avoir connue une première expérience entrepreneuriale avec des salariés, a décidé de travailler en auto entrepreneur pour son nouveau projet Bigoud’OC. Désirant travailler seule en plus grande autonomie, elle a tout de même fait appel à ESCadrille qui l’accompagner dans son projet avec un plan de communication préparé sur mesure afin de répondre à l’ensemble de ses attentes.
Cependant le nombre d’emplois générés par l’entrepreneuriat féminin est en constante augmentation et connaît une croissance qui semble très encourageante pour les années à venir.
Des difficultés continuent cependant à freiner le développement de l’entrepreneuriat féminin
Les institutions publiques, et plus particulièrement les régions, ont tenté de mettre en place des plans d’aides afin de faciliter l’accompagnement des femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. C’est le cas notamment de la Région d’Occitanie qui a signé avec la Caisse des Dépôts un partenariat afin de financer un plan d’action pour l’entrepreneuriat féminin en 2014. En effet la région qui connaît un dynamisme très important sur le plan entrepreneurial, notamment grâce à la ville de Toulouse se devait d’être un précurseur dans l’accompagnement des femmes entrepreneurs. Cependant il demeure des obstacles qui sont un frein au développement de l’entrepreneuriat féminin.
En plus des craintes sur la rémunération, sur l’accompagnement et sur la capacité à endosser les différentes casquettes de l’entrepreneur, les entrepreneures connaissent des difficultés supplémentaires pour leurs financements. Le taux de rejets de crédit pour des projets portés par des créatrices est de 4,3% soit 2% de plus que leurs homologues masculins.
Ce taux de rejets est d’autant plus incohérent qu’en général le budget de départ des projets portés par les entrepreneures est inférieur à celui de leurs congénères masculins.
Parmi les craintes, on retrouve également le manque d’accompagnement. La jeunesse de ce mouvement rend plus difficile la prise de recul sur la vie d’entrepreneure et, par conséquent, les conseils pour se lancer sont moins fréquents. Comment alors se laisser guider par des conseils extérieurs alors qu’il est déjà difficile de prendre des décisions personnelles pour « notre produit, notre bébé » ?
Des nouvelles solutions mises en place pour l’accompagnement de l’entrepreneuriat féminin
Pour aider les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat, rien n’est moins essentiel que l’accompagnement. Pour cela, il y a différentes possibilités. Tout d’abord, l’accompagnement par les proches, parfois compliqué, est le premier moteur d’un projet. Comme l’explique Carole Anne Roland, il est plus difficile de se projeter pour un projet entrepreneurial que pour un métier plus traditionnel : « Mon entourage me soutenait dans ce projet, mais je voyais bien qu’ils ne comprenaient pas trop mon choix et étaient sceptique sur la réussite d’un tel projet. ». Il est également important de « cré[er] un réseau autour de [soi] » nous raconte Véronique JAN. Le réseautage est l’un des fondements pour faciliter l’accès des femmes à l’entrepreneuriat. C’est pour cela que des réseaux comme Les Toulousaines Audacieuses ont été créés. Ils permettent de rencontrer et d’échanger avec d’autres personnes dans la même situation. Des rencontres qui peuvent prendre différentes formes et qui se veulent conviviales et très enrichissantes.
Pour finir, il est également possible de faire appel à des organismes professionnels pour être guidé et parfois soulagé de l’un des nombreux domaines de compétences que requiert l’entrepreneuriat.
C’est le cas de Véronique JAN qui a fait appel à ESCadrille en 2019 pour élaborer un plan de communication, afin d’améliorer la visibilité de son entreprise et de ses produits.
Des prestations de plus en plus demandée aujourd’hui avec le développement du Webmarketing, qui pousse les entrepreneurs à se réinventer et à adapter leurs projets à la problématique digitale. Voir nos solutions de transformation digitale.
ESCadrille, moteur de l’entrepreneuriat féminin
ESCadrille, fort de ses 41 ans d’existence, s’est imposée peu à peu comme la Junior-Entreprise des entrepreneurs en remportant à 5 reprises le prix de Meilleur Accompagnement des entrepreneurs mais également en réalisant en moyenne plus de 35% de ses études auprès des ces derniers chaque année.
En effet, elle accompagne au quotidien des clients de l’ébauche de leur projet à sa création, en passant par le développement d’entreprises déjà lancées. Pour cela, ESCadrille propose une expérience personnalisée à chacun de ses clients s’appuyant sur divers types de prestations dans différents domaines d’expertises tout en respectant les contraintes et particularités qu’impliquent de tels projets.
Cependant, ESCadrille est également une grande famille qui réunit aujourd’hui plus de 500 alumni. Parmi eux, des femmes sont aujourd’hui devenues entrepreneures à leur tout, inspirées par leur expérience au sein de la Junior-Entreprise et plus particulièrement par leur travail auprès de nos clients entrepreneurs. Elles ont alors décidé à leur tour de se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Ainsi, on compte aujourd’hui plusieurs projets innovants à l’initiative d’anciennes membres d’ESCadrille. Parmi elles, Camille Le Gal,qui s’est lancée dans l’entrepreneuriat en devenant co-fondatrice de Fairly Made, « une société de sourcing et de confection éco-responsable dans l’industrie de la mode » mais également Nevyana Delhomme qui développe aujourd’hui sa passion pour l’entrepreneuriat au sein de l’école 42 à Paris, une école qui fonctionne autour d’une pédagogie innovante, sans cours et sans professeur, et qui se base uniquement sur l’apprentissage par projet.
Ainsi l’entrepreneuriat est au cœur de l’ADN ESCadrille, c’est pourquoi nous mettons tout en œuvre au quotidien pour continuer de développer et de perfectionner notre accompagnement auprès des entrepreneurs.
Pour plus d’informations : nos prestations.
L’INTERVIEW COMPLET de Carole-Anne Roland
Quelle est l’origine de votre engagement pour l’entrepreneuriat féminin , notamment ce qui vous a motivé à créer « Les toulousaines audacieuses » ?
Lorsque j’ai créé mon auto-entreprise, je ne connaissais aucun autre entrepreneur. Mon entourage me soutenait dans ce projet, mais je voyais bien qu’ils ne comprenaient pas trop mon choix et étaient sceptique sur la réussite d’un tel projet. Je n’osais donc pas leur parler de mes doutes, mes appréhensions, mes questionnements, pour ne pas attiser leur incompréhension.
Un jour je suis tombée par hasard sur un événement réseautage féminin, sur Facebook. Je m’y suis inscrite et j’y ai rencontré 2 entrepreneures qui sont devenues des partenaires mais aussi des amies. J’ai immédiatement compris l’importance du réseautage lorsque l’on est entrepreneure.
Concernant la question des réseaux exclusivement féminins, il est vrai que je me sentais plus à l’aise dans ce type de réseaux. J’y ai trouvé une ambiance vraiment bienveillante, où l’on ne parle pas uniquement business, mais également de nos problématiques du quotidien qui sont souvent nombreuses car la frontière vie pro/vie perso est souvent très mince lorsque l’on est entrepreneure.
J’ai donc assisté à des événements organisés par plusieurs réseaux, mais finalement, je ne me retrouvais à 100% dans aucun réseau : je souhaitais avoir la possibilité d’adhérer à un réseau pour retrouver régulièrement les mêmes entrepreneures, sans pour autant avoir une obligation de présence hebdomadaire (comme c’est le cas dans certains réseaux). J’ai également constaté que les entrepreneures que je rencontrais avaient des besoins de formation sur certaines thématiques ; j’ai donc décidé de mettre en oeuvre toutes mes idées en réponse aux problématiques exprimées par les entrepreneures que je rencontrais, en créant mon propre réseau dédié aux entrepreneures il y a un an.
Concrètement, ce réseau des « toulousaines audacieuses », qu’est-ce que c’est ?
« Les toulousaines audacieuses », c’est donc un réseau dédié aux femmes entrepreneures ou ayant un projet de création d’entreprise.
Nous organisons chaque mois un afterwork réseautage, toujours sur le même format : un atelier de 45 minutes animé par l’une de nos adhérentes dans son domaine de compétences (par exemple, pour le prochain afterwork, une consultante en paie animera un atelier sur l’URSAFF), puis un moment de réseautage autour d’un apéritif.
Ces afterwork sont ouverts à nos adhérentes et aux non-adhérentes : chacune peut choisir d’adhérer ou non à notre réseau.
Aujourd’hui, nous comptons 35 adhérentes. Les adhérentes ont droit à des avantages supplémentaires, comme des réductions sur nos événements, un accès à notre groupe Facebook privé pour échanger, leur page profil sur notre site web, et l’accès à un déjeuner et un dîner par mois uniquement entre adhérentes.
Au-delà de ces événements réseautage, nous organisons également des ateliers chaque mois, dans le but de progresser sur certaines thématiques (par exemple : animer un compte Instagram professionnel, créer son site web, etc).
Le but des toulousaines audacieuses, c’est vraiment de faire progresser les femmes entrepreneures dans leur activité, que ce soit via le réseautage pour rencontrer d’autres entrepreneures, et via des ateliers et formations pour monter en compétences sur les volets qu’elles ne maîtrisent pas.
Nous avons également d’autres projets qui devraient voir le jour en 2020, notamment la création d’un lieu dédié à l’entrepreneuriat féminin… affaire à suivre ?
Quelles sont selon vous les difficultés/craintes qui freinent les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat aujourd’hui ?
Je pense que la crainte principale pour tout entrepreneur est celle de la rémunération : va-t-on réussir à vivre financièrement de notre projet ? Et si ça ne marchait pas ? L’entrepreneuriat est une prise de risque et l’échec est généralement mal vu en France, ce qui représente déjà un obstacle.
Malheureusement, on accorde également moins de crédibilité aux femmes qu’aux hommes (notamment les partenaires financiers). C’est une réalité, et forcément, les femmes se retrouvent généralement frappées par le syndrôme de l’imposteur, ce fameux sentiment de ne pas être légitime dans ce que l’on fait.
Il y a également les craintes en rapport avec la vie familiale : lorsque l’on se lance dans un projet entrepreneurial, on sait que cela va nécessiter de nombreuses heures de travail, qui vont souvent impliquer de travailler les soirs, les week-ends… ce qui freine généralement les mères de famille (parfois uniquement en raison de la pression sociale).
Enfin, pour celles qui envisagent d’avoir des enfants, il existe une crainte autour du congé maternité des entrepreneures (notamment pour les auto-entrepreneures, dont la méthode de calcul n’est pas simple à comprendre !)
Avez-vous des conseils à donner à des futures entrepreneures qui hésitent à se lancer ?
On a tendance à penser qu’un entrepreneur, surtout un auto-entrepreneur qui travaille à la maison, peut s’organiser comme il le souhaite, travaille moins qu’un salarié, etc. Pourtant, comme je l’évoquais précédemment, quand on se penche sur la question, on se rend vite compte que c’est tout l’inverse ! Certes, nous sommes libres d’organiser nos horaires de travail, cependant le nombre d’heures travaillées est généralement bien plus conséquent que dans un emploi salarié : Mener à bien un projet entrepreneurial demande beaucoup d’investissement en temps et en énergie avant d’être profitable, sachant qu’ensuite nous n’avons pas de congés payés, par exemple : il faut donc anticiper cela en termes de revenus. Il faut donc être consciente de la charge de travail avant de se lancer, et savoir bien s’organiser car on peut vite avoir tendance à travailler beaucoup trop, au détriment de sa vie personnelle. Il faut savoir s’imposer de vraies pauses et de vrais week-end offs !
En fait, même si tout le monde peut devenir entrepreneur, je pense que certaines qualités sont indispensables : la patience, la persévérance, et l’organisation notamment. Il faut être prête à persévérer, ne pas se décourager au moindre obstacle !
Un autre conseil : n’hésitez pas à vous renseigner sur toutes les possibilités d’aides financières. En effet, les entrepeneures savent rarement qu’ils peuvent prétendre à la prime d’activité par exemple, au même titre que les salariés.
Ensuite, je conseille impérativement de s’entourer d’autres entrepreneurs. Pour partager ses problématiques, challenger ses idées, avoir un avis de personnes ayant déjà de l’expérience dans l’entrepreneuriat… c’est très important, même en amont du lancement de votre activité ! Il existe une multitude de réseaux d’entrepreneurs à Toulouse qui vous permettront d’aller rencontrer d’autres entrepreneurs.
Enfin, quand vous sentez que votre idée est la bonne et que vous avez toutes les cartes en mains pour vous lancer dans l’entrepreneuriat : n’attendez pas, lancez-vous !
Qu’en est-il de votre expérience personnelle dans l’entrepreneuriat ?
Après avoir longtemps cherché ma voie (j’ai fait plusieurs parcours d’études différents, et j’ai eu plusieurs expériences professionnelles différentes également), je me suis lancée dans l’entrepreneuriat il y a un peu plus de 2 ans : j’ai d’abord créé une boutique en ligne de prêt-à-porter féminin. J’ai adoré la richesse de cette expérience : J’ai créé moi-même le site web, je gérais les approvisionnements, la communication, les envois, les shootings photos, etc… J’avais besoin d’une activité professionnelle dans laquelle je ne m’ennuie pas et qui me permette d’être en apprentissage constant, et je n’ai pas regretté ! Je me suis énormément formée pendant un an, en particulier sur la partie marketing digital.
En rencontrant d’autres entrepreneures, je me suis rendue compte que c’était un volet que les entrepreneurs ne maîtrisaient pas et qu’il y avait un réel besoin d’accompagnement – d’ailleurs, on m’a rapidement demandé de type de prestation alors que ce n’était pas mon cœur de métier. En effet, en 2019, que l’on soit diététicienne, fromagère, wedding planner, ou n’importe quel autre métier : soigner sa présence sur Internet et sur les réseaux sociaux est indispensable ! Et, forcément, les entrepreneurs individuels n’ont pas forcément les mêmes budgets que les entreprises pour déléguer cette partie.
Bref, de fil en aiguille, j’ai commencé à accompagner et former des entrepreneurs, et je me suis découvert une passion pour cela : guider, transmettre, accompagner, c’est ce que j’adore faire ! D’autant plus quand le but est d’aider les entrepreneurs à faire cartonner leur activité !
Depuis un an, je suis donc formatrice en marketing digital, et je propose également des accompagnements individuels, exclusivement à un public d’entrepreneurs.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans cette expérience ? Et ce que vous aimez le moins ?
Ce que j’aime le plus, c’est le fait de rencontrer constamment de nouveaux entrepreneurs passionnés. Je rencontre des personnes que je n’aurais sûrement pas eu l’occasion de rencontrer autrement ! Et puis il y a toujours une certaine bienveillance et un grand soutien entre entrepreneurs, c’est vraiment génial.
J’adore aussi la richesse et la pluralité de ce que l’on fait dans notre quotidien d’entrepreneur. On doit être multi-casquette : gestionnaire, commercial, community manager, photographe, etc… tout cela en plus de notre cœur de métier. Alors cela nécessite de s’auto-former en permanence, et ça c’est vraiment quelque chose que j’adore !
Enfin, le fait de pouvoir organiser son emploi du temps comme on le souhaite, c’est un confort qui n’a pas de prix !
Ce que j’aime le moins… c’est le stress, certains débuts de mois, de ne pas avoir de visibilité précise sur les revenus que je vais générer. L’inconfort de savoir que si on veut prendre des vacances, je n’aurai pas de salaire fixe à la fin du mois… Cela peut vite devenir une source d’angoisse, alors il faut veiller à toujours anticiper les contrats. Mais je relève le défi avec plaisir, car je n’échangerais pour rien au monde ma vie d’entrepreneure !
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